Intervention de Fabrice Loher au CM Concernant la modification du PLU

lorient nord K2.jpgMonsieur l’Adjoint au Maire,

Cette délibération fera date : elle figure incontestablement dans le Top 5 des pires délibérations depuis que je siège dans ce Conseil municipal (1999…).

On y dénombre 10 avis défavorables du commissaire enquêteur sur 29, c’est du rarement vu ! Peut-être vous êtes vous dit au fond : « Un commissaire enquêteur ne devrait pas dire ça … ».

Non seulement il l’a dit mais il l’a confirmé en donnant un avis défavorable à ce projet de modification n°2 du PLU.

Cette délibération est une caricature de votre méthode sur de nombreux dossiers :

  • Concertation tronquée, quelques rencontres de qualité et de contenu bien inégaux avec certains représentants d’associations (avenue Queudet) ou porteurs de projets (centre commercial Carrefour) ne pouvant faire office de concertation. Bien entendu, pas de comptes rendus, ainsi que l’a amplement souligné le commissaire enquêteur. Au total, une absence de réelle concertation qui suppose une organisation de la participation du public (et non de répondre aux demandes de rendez-vous…) et une certaine prise en compte des remarques formulées.
  • Enquête publique bâclée, avec certaines demandes de modification complétées voire déposées au cours de l’enquête, au mépris de l’esprit de ce type d’enquête qui consiste à informer mais aussi à favoriser la participation du public (demande de modification de la SEM X-SEA déposée … le dernier jour de l’enquête). On en est bien loin !
  • Réponses biaisées aux observations du commissaire enquêteur, avec des réponses technocratiques à ses remarques de bon sens, que ce soit sur le fonctionnement des commerces, la question du stationnement, la densification en logements notamment sociaux, etc…

Sur le fond, vous restez droit dans vos bottes, murés dans vos certitudes et votre idéologie. Car c’est bien de cela dont on parle :

 

  • Vision idéologique des aménagements commerciaux dans la zone du Carrefour : « Il m’apparaît que ce projet relève d’une espèce d’idéal très éloignée des contingences pratiques». Certes, le projet de parvis-espace ouvert est supprimé mais qu’en est-il du reste des aménagements proposés ? Au passage, on continue de vouloir renforcer cette zone commerciale – même si on se trompe de méthode – ce qui se fera au détriment des commerces de notre centre-ville.
  • Vision idéologique des déplacements dans la ville, qu’il s’agisse de la place du Triskell, de la réduction du nombre de places de stationnement dans le quartier de la gare qui en a pourtant beaucoup besoin ou de celle du nombre de places pour l’hébergement hôtelier, et surtout ce que j’appelle « l’idéologie du Triskell» qui produit déjà des dégâts sur la question de la tarification, des aménagements de la voirie et entraine d’autres conséquences en chaine sur la densification urbaine le long des tracés, y compris au mépris des équilibres de quartier existants comme le montre le dossier de l’avenue Queudet. On ne peut mieux dire que le commissaire enquêteur au sujet de la réduction du nombre de places de stationnement projetée dans la zone du Carrefour : « Il m’apparaît que le Triskell n’a pas, et n’aura sans doute jamais, la capacité d’irriguer un centre commercial de cette importance …. ». A la politique de la marche forcée vers l’utilisation des transports collectifs, nous préférons l’incitation, mais nous en sommes loin.
  • Vision idéologique de la place du logement, notamment social, dans un secteur pourtant déjà bien pourvu en logements sociaux. Ce n’est pas cette vision de la mixité sociale que nous défendons. Il y a à ce sujet des mots forts du commissaire enquêteur, étranger aux débats lorientais, qui auraient dû vous faire réagir mais auxquelles vous ne répondez que par des considérations d’un technocratisme affligeant. Quant à l’inquiétude légitime exprimée par des propriétaires de pavillons, pour la plupart primo-accédants, vous n’apportez que des réponses très partielles et guère rassurantes quant à vos intentions pour l’avenir. Il faut dire que vous avez longtemps nié, ici même au Conseil municipal, avoir de quelconques projets de promoteurs dans vos tiroirs. Pourtant, les perspectives semblent se dessiner concrètement.

Au fond, une question se pose au travers de vos différentes actions en matière de transports, de logements et de fiscalité: les classes moyennes ont-elles encore leur place à Lorient ? Ce que sous-entend le commissaire enquêteur lui même (cf page 10).

Ces classes moyennes doivent déjà faire face à une fiscalité immobilière record quand elles accèdent à la propriété. Désormais, on leur demande de payer beaucoup plus chers leurs abonnements bus et en plus, on continue d’implanter des logements sociaux comme sur le secteur de kerfichant-le Bourgneuf-Plénéno alors que le densité de logement social y est déjà forte, au risque comme le dit le commissaire enquêteur, « d’y faire basculer le climat social » ? Entendons-nous bien, et je le dis haut et fort, nous sommes évidemment pour le logement social, mais en respectant des critères de mixité sociale réels et dans les deux sens.

 

 

 

L’affaire de l’installation des hangars sur l’esplanade de la BSM est également très révélatrice :

 

  • On répond à une incapacité à traiter l’installation sauvage de cette esplanade par les gens du voyage par une politique à la petite semaine, réduisant les possibilités pour l’avenir de consacrer cette esplanade pour des évènements grand public, pour ne pas dire populaires. Nous sommes convaincus qu’il y a d’autres possibilités d’implantation pour les hangars des 3 teams du pole course au large.
  • On s’assoit sur l’esprit de l’enquête publique en déposant les demandes de modifications pendant l’enquête publique. On a compris que vous vouliez aller vite, très vite : on aurait aimé une telle célérité pour réagir aux occupations illicites qui se sont multipliées ces dernières années …

 

Au final, vous adressez un véritable « bras d’honneur » au commissaire enquêteur.

 

Face à de tels manques, on est légitime à demander le retrait de cette délibération et l’organisation d’une nouvelle enquête publique. « Vous avez peut-être juridiquement raison mais vous avez politiquement et moralement tort ».

 

A défaut, nous voterons contre.

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