Intervention de Fabrice lors de l’examen du bordereau 3.3 :
Nous abordons ici le rapport d’activités 2016 du bras armé du Département pour de nombreuses opérations d’aménagement, soit par convention de mandat, soit comme AMO, notamment la construction et la rénovation de collèges. C’est le cas, au travers d’un contrat de prestations passé au profit de la SPL Equipements du Morbihan en 2015, pour la reconstruction du Collège Brizeux. Et ce sera peut-être le cas pour la construction du désormais annoncé futur collège du secteur nord Lorient, issu de la suppression/fusion des collèges de Kerentrech et Le Coutaller.
Et je voudrais revenir sur cette opération pour vous dire que je suis triste d’abord pour la démocratie locale.
Nous avons tous fait campagne, il y a à peine quelques mois, en regrettant la distance de plus en plus grande entre le politique et le citoyen et pour en appeler à de nouvelles pratiques dans la façon de gérer les affaires publiques.
Et nous avons ici le plus parfait exemple de ce qu’il ne faut plus faire : une information tombée en catimini dans la presse locale, au cours de l’été, sans qu’on y croie vraiment tellement le processus était hors norme. Une « indiscrétion » à laquelle personne n’a vraiment porté attention.
Et puis tout à coup à la rentrée, on a découvert que l’information était une quasi décision, prévue à l’ordre du jour d’une prochaine commission permanente du Conseil départemental, avec pour une fois une vitesse d’exécution qui surprend tous ceux qui connaissent un peu le fonctionnement des collectivités locales. Et surtout un mépris total pour la concertation avec l’ensemble de la communauté éducative – pour ne pas parler de la concertation avec les élus – qui aurait dû précéder cette décision. Désormais, nous assistons entre la Ville et le Département au petit jeu du « c’est pas moi, c’est l’autre ». Je n’entrerai pas dans un tel jeu mais permettez-moi de vous dire que je ne peux croire que le Maire de Lorient, ancien conseiller départemental, n’ait pas été tenu au courant de toutes les étapes de la génèse de ce projet. Ou alors, c’est faire peu de cas du Maire de la 1ère ville du Département !
Je suis triste pour le processus de décision publique au sein de la Ville. Car manifestement, aucune étude d’impact sérieuse n’a été initiée sur les conséquences des fermetures annoncées des deux collèges pour leur quartier respectif. Car aujourd’hui, la décision de venir habiter ou de quitter un quartier tient beaucoup, en tous les cas pour les familles avec enfants, à la présence d’établissements scolaires, collège compris.
Il y a des conséquences pour le quartier de Kerentrech, qui connaît déjà un déclin démographique marqué, illustré par la fermeture de nombreux commerces, par des fermetures de classes en maternelle et en primaire. Au moment où pouvait se dessiner un renouveau démographique avec les logements du quartier de la gare, il est décidé d’y fermer le principal équipement structurant : ne doutez pas que les conséquences seront lourdes pour l’attractivité du quartier, pour la fréquentation des écoles maternelle et primaire. Kerentrech qui était un village au bon sens du terme va devenir un quartier sans âme et sans animation : mon quartier d’enfance, un quartier historique de la ville mérite mieux que cet abandon.
Que dire des conséquences pour le Bois-du-Château. Nous pensons que l’avenir de ce quartier auquel nombre de ses habitants sont très attachés passera bien entendu par une rénovation urbaine que nous soutenons mais aussi par le choix d’une véritable mixité d’habitat et d’activités. Le quartier a besoin de garder ses équipements structurants, son collège, sa piscine, son stade sinon c’est, contrairement à toutes les promesses des campagnes nationales et locales, la République qui déserte et conforte les habitants dans leur sentiment d’abandon. Avec des conséquences aussi en terme électoral, le recours aux extrêmes que (presque) personne ne souhaite dans cet hémicycle.
Et comment ne pas parler de l’insécurité qui règne aux abords de l’établissement puisque c’est désormais de notoriété publique ? Est-ce pour traiter le mal qu’on aurait décidé de déplacer le collège ? Alors que c’est la délinquance qui doit être traitée ?
Je suis triste pour les équipes éducatives des deux établissements, qui apprennent par la presse le sort professionnel qui leur est réservé comme une sentence sans appel possible.
Où est le respect dû aux projets pédagogiques, forcément différents, des deux établissements ? Comment penser d’ailleurs qu’il suffirait de fusionner les deux collèges pour améliorer les taux de réussite de l’un ou de l’autre, sous prétexte que les locaux seraient neufs ? Quelle garantie que les moyens légitimes accordés au collège Le Coutaller pour la réussite éducative des élèves seront pérennisés et comment d’ailleurs dans une telle structure fusionnée ? Quelle logique à faire d’un futur collège localisé sur les bords du Scorff le collège d’un secteur scolaire qui intègrerait, sans modification de la carte scolaire, les quartiers de Kerfichant et de Keryado ? Beaucoup de questions se posent que le projet de nouveau collège n’a manifestement pas abordé.
J’ajoute que je suis triste pour l’animation sportive dans la ville puisque si on a bien compris, il y aurait au moins l’un des terrains du stade de Tréfaven qui serait sacrifié, à ajouter sur la liste des terrains déjà supprimés (Le Gaillec, annexe B du Moustoir).
A ce stade, et comme vous le demanderez d’ailleurs tout à l’heure dans votre motion logement, il n’y a qu’une sortie possible, par le haut : je propose que notre Conseil municipal appuie une demande de moratoire sur le projet de fusion auprès du Département, ceci afin de lancer les bases d’une véritable concertation. Non pas pour choisir la couleur des murs des classes, le nombre de postes informatiques voire le nom du futur établissement mais bien pour discuter de l’opportunité même de cette fusion et si celle-ci est avérée, du choix de sa localisation.
Je suis convaincu que la confiance serait restaurée avec les équipes éducatives et peut-être que le résultat en serait l’acceptation d’un tel projet de fusion, mais cela serait avec l’appui des équipes éducatives et sur la base d’un projet pédagogique cohérent.
J’ajoute que si le Département a 12 à 13 M€ à consacrer à un projet d’établissement, il ne nous est pas interdit, même en tant qu’élus lorientais, de regarder autour de Lorient et de voir qu’un projet de collège public est très attendu dans lune commune de la première couronne lorientaise. Et c’est aussi au président de Lorient Agglomération que je le dis !
Ne sous-estimons pas l’importance de ce projet de collège neuf, majeur pour l’avenir de deux quartiers importants de la ville : c’est donc en partie l’avenir de Lorient qui s’y joue. Soyons ensemble à la hauteur de cet enjeu.